La légende de la Fosse au Roi – de longs peupliers balancent…
Charles Martel battit les Arabes à Poitiers en 732.
Des générations d’écoliers l’ont appris dans leur livre d’ histoire. L’événement est connu de tous en France et ailleurs. C’est un coup d’arrêt à l’expansion musulmane au 8e siècle.
Pour la première fois, des gens d’occident, chrétiens, sont qualifiés d’européens qui se dressent contre l’envahisseur arabe musulman venu d’orient. C’est le choc de deux religions, de deux civilisations, dont les conséquences se prolongent encore aujourd’hui. Mais cette fameuse bataille reste bien mystérieuse et comporte beaucoup d’incertitudes : sa date, 732 ou 733 ; le lieu, à Poitiers, plus près de Tours, ou plus probablement dans la plaine de Cenon à Moussais ; 300 000 combattants disent certains chroniqueurs, et d’autres moins de 15 000. Curieusement, ce mystère, ce manque de preuves indiscutables entretiennent le mythe et les passions, Charles Martel, grand-père de Charlemagne est devenu un héros national symbole de la lutte contre l’envahisseur.
Depuis 13 siècles, les idéologies, les politiques, les imaginations, se sont emparées de l’événement. Des légendes, des lieux-dits perpétuent le souvenir de cette victoire.
Le chabichou, les abricots de Montgamé sont attribués au passage des Arabes. La ferme de la Bataille, le virage des « cinq maures » ou « cinq morts » à Vouneuil et bien sur « la Fosse au Roi » à Cenon sont autant de traces qui de nos jours encore racontent « une histoire » et pourquoi pas « l’histoire ».
Mahomet a dit : « Inhumez les martyrs là où ils sont morts, avec leurs habits, leurs blessures et leur sang, ne les lavez pas car les blessures au jour du Jugement auront l’odeur du musc». Alors c’est évident, l’endroit situé sur le chemin de Cenon aux Jumeaux et nommé «Fosse au Roi » ou « Tombelle du cheneau » ne peut être que la sépulture de l’émir Abd-er Rhamane qui fut tué au soir de la bataille. La légende nous dit « ici Abd-er. Rhamane périt en vrai croyant sous les coups des Francs. Un houri descendit du ciel pour cueillir son âme par la blessure mortelle avant qu’il ne soit enseveli par les siens sur le lieu même ou il était tombé. De longs peupliers balancent au dessus de la « Fosse au Roi », le froissement de leurs feuilles, semblables au bruissement des ailes des anges, tandis qu’Allah berce sans fin l’âme du martyr ».
Des recherches furent entreprises qui ne révélèrent que quelques squelettes dont les pieds orientés au levant peuvent laisser supposer qu’il s’agissait bien de musulmans.
Là encore, pas de preuve indiscutable mais des indices, des traces qui nourrissent l’imagination et provoquent des débats passionnés et passionnants autour de cette grande bataille de Poitiers, et de son héros, Charles Martel.